Les cahiers du 50e
Anne-Marie Provencher

Le Carrousel. Un demi-siècle d’existence ! Ciel ! Et combien de créations et d’accomplissements jalonnent cette aventure au long cours !

Je m’incline devant l’ensemble de l’œuvre de Suzanne et Gervais, cofondateurs passionnés de cette compagnie novatrice. J’applaudis leur souci d’en avoir assuré la pérennité en transmettant à Marie-Eve les rênes de sa destinée. Je lève aussi mon chapeau aux interprètes, aux créatrices et créateurs et aux nombreuses et nombreux complices qui, au fil des ans, ont rendu possible les réalisations du Carrousel et leur diffusion.

Pendant 13 ans, de 2006 à 2019, j’ai eu le privilège d’être en contact étroit avec Le Carrousel alors que j’étais directrice artistique du Théâtre de la Ville à Longueuil. J’y ai vécu une complicité exceptionnelle avec ses créateurs et leur précieuse équipe.

J’ai ainsi eu l’immense bonheur d’offrir à nos jeunes des créations de la compagnie. Humanisme, thématiques s’aventurant souvent hors des sentiers battus, signature esthétique à nulle autre pareille y étaient toujours au rendez-vous. Comment décrire la satisfaction ressentie en voyant ces jeunes vivre des rencontres mémorables avec des œuvres créées expressément pour eux ? C’est lors de tels moments que le métier de diffuseur prend tout son sens.

J’ai aussi eu le privilège d’offrir des résidences de création au Carrousel et j’avoue en avoir éprouvé un plaisir fou. Dans l’intimité de nos studios, j’étais aux premières loges pour assister à la naissance ou au polissage de propositions théâtrales sans pareilles. Voir ces artistes, têtes chercheuses à l’audace exemplaire, peaufiner sans relâche un matériau qui prend vie, s’épanouit et trouve son erre d’aller était plus qu’inspirant. D’ailleurs, je lève mon chapeau à Dominique Gagnon que j’ai vue à l’œuvre ; elle dont les éclairages ont marqué en profondeur l’esthétique du Carrousel. Et que dire des artistes qui, lors de présentations expérimentales, accueillaient nos jeunes, établissaient avec eux un dialogue, prenaient le pouls de leurs réactions, étaient à l’écoute de leurs questionnements, le tout afin de confirmer ou rectifier leurs visées créatrices ? Être témoin de telles démarches : du bonbon, je vous le dis !

Et je ne vanterai jamais assez l’inestimable soutien des responsables de la diffusion et du développement de la compagnie qui nous accompagnaient dans la planification de nos interactions avec celle-ci.

Plusieurs créations du Carrousel, d’hier et d’aujourd’hui, ont accompagné ma vie et l’ont enrichie. Mais je ne peux passer sous silence l’impact que ne cesse d’avoir sur moi Chaîne de montage, œuvre percutante offerte aux adultes et grands adolescents en 2014. Pour la force et la pertinence du cri lancé ici, pour l’éveil de la conscience qu’il suscite, il faut lire ce texte qui mériterait plus que jamais une recréation.

Je remercie Le Carrousel d’avoir donné ses lettres de noblesse au théâtre jeune public. Merci de le faire rayonner ici et à l’étranger. Merci pour votre infatigable implication dans le milieu théâtral et au sein de la société. Merci d’exister !

Et merde pour l’avenir qui a tant besoin de vous !

Anne-Marie Provencher

 

Descriptif de la photo :

Trois petites sœurs (2016) de Suzanne Lebeau, mise en scène de Gervais Gaudreault, est l’une des productions du Carrousel accueillies en résidence de création au Théâtre de la Ville.
Sur la photo : Emilie Dionne, Simon Rousseau, Émilie Lévesque, Agathe Lanctôt et Catherine Leblond
Crédit photo : François-Xavier Gaudreault