Les cahiers du 50e
Pénélope Ducharme

Le Carrousel, pour moi, est arrivé comme un cadeau. Un cadeau qu’on doit souvent serrer très fort contre soi pour s’assurer qu’il est réel et qu’il est toujours là.

Je me rappelle cet appel m’accueillant dans cette belle équipe. Je me rappelle devoir m’asseoir au sol afin de mieux amortir le poids de cette joie grandissante dans mon corps encore inhabitué à recevoir ce genre de nouvelle. À peine quelques mois après être sortie de l’école, je me voyais transportée au sein du scénario qu’on nous dit de ne pas se faire. Face à un projet qui m’allume et d’une opportunité qui me semblait trop belle pour être vraie.

Je me rappelle le vertige que je ressentais. Le vertige de m’embarquer dans une aventure de si longue haleine, de pouvoir faire ce que j’aime de manière professionnelle après m’être fait dire la chance et le travail que cela prenait. Sentir que tout ça était plus grand que moi. Je me rappelle à quel point ce vertige a été reçu avec tant de bienveillance qu’il diminuait à chaque minute passée entre les quatre murs de la salle de répétition.

Je me rappelle la première fois que j’ai mis les pieds dans les bureaux du Carrousel. Bureaux me rappelant la structure d’une grande maison aux nombreuses chambres et à la grande salle à manger, donnant vraiment l’impression d’être accueillie au sein d’une grande famille.

Je me rappelle chaque répétition où une nouvelle personne intégrant l’équipe m’était présentée. Je me rappelle les sourires sur le visage de tous. Des sourires qui témoignaient soit le bonheur de retrouver un·e ancien·ne collaborateur·trice ou ami·e, soit l’enthousiasme d’une toute nouvelle rencontre, début d’une belle histoire. Des sourires toujours familiers et sincères, faisant un pied de nez à la froideur habituelle qu’on peut ressentir en arrivant dans un endroit qui nous est inconnu, face à des gens qui nous sont étrangers.

Maintenant, après plusieurs mois, même plus d’une année complète à travailler avec Le Carrousel, je sais que je n’ai pas à me rappeler tout ça. Que je peux le faire bien sûr, parce que c’est beau de se rappeler ces moments. Mais que ce n’est pas nécessaire puisque cet accueil, cette chaleur, cette écoute, ce sentiment de faire partie de quelque chose, ce sont des choses qui ne changeront pas au Carrousel.

Le vertige, il m’habite encore souvent. J’avais tellement entendu parler de cette compagnie. Cette compagnie de tous les possibles qui réinvente comment on s’adresse aux enfants. Qui ne craint pas d’être dissidente pour amener la joie ou apprendre une leçon importante aux petits. Qui est valeureuse par son humilité, son habileté et son humanité. Le vertige m’habite mais je n’en ai plus peur, puisque je sais que chaque crainte que je peux avoir sera écoutée et ne fera que nourrir les discussions qui prennent place dans cet endroit où la magie opère et la créativité est maîtresse.

Merci grande Marie-Eve de m’avoir invitée à cette petite fête. Cheffe de notre orchestre à paillettes.

Merci à toute l’équipe, un carrousel ne tourne pas seul et une fête n’est rien sans plusieurs ami·e·s pour se partager le gâteau.

Pénélope Ducharme
Comédienne

 

Descriptif de la photo :

Une petite fête – Cabaret de la dissidence (2023) de Martin Bellemare, mise en scène de Marie-Eve Huot.
Sur la photo : Pénélope Ducharme
Crédit photo : David Ospina