Les cahiers du 50e
Maude Desrosiers

 

Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent.
Antoine de Saint-Exupéry

 

Que les grandes personnes qui lisent ces mots ne m’en veuillent pas : j’ai souvent préféré la présence des enfants dans ma vie. Pour leur authenticité, surtout, mais aussi pour leur compréhension du monde, pour l’acuité de leur regard, pour leur quête de justice, pour leur envie furieuse d’exister, pour leur aspiration à aimer et à être aimés, pour leur foi et leurs espoirs, pour leurs joies immenses, pour leurs grandes déceptions, aussi, et enfin pour la puissance, dans l’infiniment petit comme dans l’infiniment grand, de ce qu’ils vivent et sont en train d’apprendre et de traverser.

Et puis, un jour, j’ai fait la rencontre des fondateurs et des créateurs du Carrousel et j’ai compris que ces grandes personnes avaient ce même attachement à l’enfance, avec ce respect de ce qu’ils sont et cette responsabilité envers eux, dans un domaine où je venais de mettre les pieds et où je commençais à me déployer, et je me suis apaisée. Aussi, j’éprouve aujourd’hui de la gratitude d’avoir croisé leur chemin, un grand chemin qui atteint aujourd’hui 50 années déjà. 50 années de créations autour du « Quoi dire aux enfants ? », pour raconter le monde, aussi magnifique et aussi dur soit-il, avec honnêteté, justesse et sensibilité, et avec au bout, toujours, de l’espoir. Je ne peux que leur en souhaiter plein d’autres encore, riches et lumineuses.

Parce que les enfants ont besoin de notre considération ; parce qu’ils sont aussi des citoyens de ce monde ; parce qu’on a tant à apprendre de leur présence dans nos vies ; parce qu’ils nous rappellent à l’ordre, souvent ; et parce que ce sont eux, je crois, les grands, en dedans.

Maude Desrosiers
Comédienne

Descriptif de la photo :

Des pieds et des mains (2016) de Martin Bellemare, mise en scène de Marie-Eve Huot.
Sur la photo : Maude Desrosiers
Crédit photo : Marc-Antoine Zouéki