Les cahiers du 50e
Mathieu Gosselin

Il est difficile de trouver les bons mots pour célébrer 50 ans d’histoire. Résumer en quelques phrases un travail artistique aussi colossal que celui effectué par Suzanne Lebeau, Gervais Gaudreault et Marie-Eve Huot dans le domaine du théâtre jeune public tient de l’impossible. Je pourrais utiliser pour parler du Carrousel des termes comme fondateur, pionnier, avant-gardiste, je pourrais aussi parler du manque de reconnaissance criant et de la marginalisation incompréhensible dont souffre trop souvent le théâtre pour enfants. Il est difficile de trouver les mots justes.

Comme il est difficile de trouver les bons mots pour parler de certains sujets avec les enfants.  Comment parler du deuil, de la guerre, du cancer, de la maladie mentale, de l’autorité, de la liberté ou de la dissidence avec les enfants ? Comment engendrer un dialogue qui épouse et reconnait les souffrances, les doutes, les violences et toutes les ombres qui naissent chez l’enfant quand on le plonge dans des sujets aussi essentiels que ceux-ci. Je crois que le véritable génie de Suzanne, de Gervais, et de Marie-Eve à leur suite est d’oser se mettre à la hauteur des enfants, de les regarder droit dans les yeux et de s’assurer que chacune des paroles, que chacun des gestes, que chacune des images scéniques et que chacun des mots fassent vibrer avec justesse chaque personne du public. Ce que Le Carrousel fait depuis 50 ans, c’est de chercher avec la patience des orfèvres et avec la précision des accordeurs de pianos à trouver les bons mots pour nous parler.

Mathieu Gosselin
Comédien

 

Descriptif de la photo :

Une petite fête – Cabaret de la dissidence (2023) de Martin Bellemare, mise en scène de Marie-Eve Huot, est la plus récente création du Carrousel.
Sur la photo : Mathieu Gosselin et Pénélope Ducharme
Crédit photo : David Ospina