Les cahiers du 50e
Marie-Michelle Garon

J’ai énormément grandi avec Le Carrousel.

Dans un premier temps, comme spectatrice.

J’ai un souvenir impérissable de Comment vivre avec les hommes quand on est un géant. Il y avait eu une panne d’électricité au beau milieu de la représentation et au lieu d’annuler le tout, le spectacle a été poursuivi à la chandelle, laissant toute l’intelligence du texte et la précision de l’interprétation transparaître. C’était magique.

Puis, comme étudiante.

Gervais a été, sans l’ombre d’un doute, le professeur le plus marquant de mon parcours d’étudiante. Son sens inné de la pédagogie, son exigence bienveillante, son amour profond du théâtre et des comédiens sont des qualités qui se manifesteraient plus tard, alors qu’il serait mon metteur en scène, et qui m’accompagnent encore aujourd’hui. Je répète d’ailleurs souvent à mes propres élèves son célèbre « prenez la note avec humilité », une phrase simple dont je mesure maintenant toute la puissance.

Finalement, comme artiste.

Je manque de mots pour dire à quel point mes années à travailler avec Le Carrousel ont forgé la comédienne que je suis devenue.  Que ce soit avec Conte du jour et de la nuit, Souliers de sable ou Cabaret au bazar (du Théâtre Ébouriffé), il y avait cette absence d’égo dans le travail, la joie perpétuelle de créer et de se renouveler, le réel désir de faire du théâtre un lieu de discussion, d’émerveillement et d’espoir. J’ai pris conscience de ce pur bonheur qu’on éprouve dans la rigueur du travail créatif, tant au moment des répétitions que des représentations. Et j’en suis profondément reconnaissante.

Joyeux anniversaire, j’ai confiance que les 50 prochaines années seront aussi inspirantes que les 50 premières !

Avec tout mon amour,

Marie-Michelle Garon
Comédienne

 

Descriptif de la photo :

Souliers de sable (2006) de Suzanne Lebeau, mise en scène de Gervais Gaudreault.
Sur la photo : Joachim Tanguay et Marie-Michelle Garon
Crédit photo : François-Xavier Gaudreault