Les cahiers du 50e
Luisa Huertas

En 2002, j’ai été en contact pour la première fois avec Le Carrousel grâce à ma lecture du texte L’Ogrelet, qui m’a séduite.

J’ai ensuite rencontré Suzanne Lebeau et Gervais Gaudreault dans un théâtre de Mexico, lors d’une audition pour le personnage de La Mère dans L’Ogrelet, justement. J’avais tellement envie de jouer ce rôle, après avoir lu la pièce ! Je l’ai eu.

Les répétitions se déroulaient à Montréal. J’y ai découvert les locaux de la compagnie. J’ai appris à connaître toute l’équipe du Carrousel, sa manière de travailler main dans la main avec Gervais, l’un des meilleurs metteurs en scène et directeurs d’acteurs avec qui j’ai travaillé. Commençait alors pour moi un voyage… À cette époque, je ne savais pas que ce voyage inclurait trois pièces de la magnifique Suzanne Lebeau : L’Ogrelet, Salvador (mise en scène par Sandra Félix au Mexique) et Le bruit des os qui craquent (une coproduction du Carrousel et de la Compañía Nacional de Teatro de México, mise en scène par Gervais).

J’ai voyagé avec Le Carrousel dans de nombreuses villes mexicaines, mais aussi en Argentine et en Uruguay, avec la joie permanente de faire du théâtre jeune public de haute qualité – tant sur le plan littéraire qu’artistique, grâce à deux talents et sensibilités particuliers, attachants et combatifs.

Au Centro de Estudios para el Uso de la Voz (CEUVOZ) que je dirige au Mexique, Gervais et moi avons également partagé notre amour de la technique vocale, qu’il maîtrise bien. J’ai aussi eu le privilège d’enseigner le travail de Suzanne, sa pensée, sa vision du théâtre et de la dramaturgie – l’enseignement de l’œuvre de Suzanne Lebeau contribue à enrichir la formation des étudiants et les aide à devenir des êtres humains plus libres.

Après 54 ans d’expérience comme actrice, je constate que c’est dans le travail que se forgent les amitiés profondes et engagées. Au cours de cette relation, longue de 21 ans, il y a eu des périodes de pause dans la relation à cause du travail qui ne s’arrête jamais, à cause de la distance qui nous sépare, mais les liens d’affection, d’admiration et de respect demeurent intacts à chaque fois que nous nous retrouvons, partageons des moments de vie, nous confions nos aspirations.

Que Le Carrousel, avec tout ce que cela implique, atteigne son 50e anniversaire avec une nouvelle saison est un accomplissement que je célèbre du fond du cœur. Sa contribution inestimable se traduit par l’enrichissement de l’esprit d’êtres humains de toutes les générations, dans divers pays et sur plusieurs continents.

Depuis le Mexique, je salue et applaudis avec amour cette œuvre gigantesque.

Luisa Huertas
Actrice et enseignante mexicaine

 

Descriptif de la photo :

El ruido de los huesos que crujen (Le bruit des os qui craquent) de Suzanne Lebeau, mise en scène de Gervais Gaudreault, une coproduction du Carrousel, du Théâtre d’Aujourd’hui (Montréal) et de la Compañía Nacional de Teatro de México.
Sur la photo : Luisa Huertas
Crédit photo : CNT/Sergio Carreón Ireta