Les cahiers du 50e
Emilie Dionne

Durant ces 22 dernières années, Le Carrousel a été ma maison.

J’ai eu ce privilège.

22 ans à apprendre, à découvrir le métier, à rencontrer le public, à faire confiance aux enfants de tous âges.

Petit Pierre a été le début de cette histoire déterminante dans ma vie.

Je me rappelle quand Gervais, mon professeur de voix à l’école de théâtre, m’a parlé de ce projet… Porter un texte de Suzanne Lebeau. Je ne réalisais pas pleinement la chance immense que j’avais à ce moment-là ! J’ai plongé dans cet univers, avec toute la volonté qui m’animait et le désir ardent de m’engager, de grandir dans cette nouvelle famille. Les années ont passé, les pays visités ce sont succédés, de nombreuses scènes ont été foulées, des gens de théâtre admirables furent rencontrés et deux petites filles sont nées.

Quand est arrivé Le bruit des os qui craquent, un troisième bébé dans le ventre, je savais que le personnage d’Élikia allait me marquer profondément ; jusqu’aux entrailles. Je poursuivais ainsi le travail auprès de Gervais, si grand directeur d’acteur/actrice. Il me permettait d’aller plus loin, tout en faisant voyager la parole de Suzanne, forte et nécessaire. Tant de souvenirs sont associés à cette période foisonnante où les tournées se multipliaient… en famille. Ma vie entière gravitait autour du Carrousel.

Puis vint Trois petites sœurs. En plus de me nourrir vivement comme comédienne, mais aussi comme mère, ce spectacle m’a offert une famille de plus. Des amitiés sincères y sont nées et ne me quitteront jamais. Gervais avait ce pouvoir de rassembler et Suzanne, de faire vivre, à chaque représentation, des émotions puissantes qui nous ont unis pour toujours.

Ensuite, comme un cadeau inattendu, Une lune entre deux maisons est arrivée. J’y retrouve avec joie ma « petite sœur » Catherine et une fois de plus, j’ai la chance de jouer un texte de Suzanne, écrit en 1979 pour son fils de 3 ans… mon amoureux depuis 20 ans. Elle jouait Plume à l’époque et une quarantaine d’années plus tard, je joue Taciturne. Comment ne pas y voir un fil qui nous relie, une histoire qui se boucle.

Taciturne, un personnage auquel je suis tant attachée, qui m’a ramenée avec joie à la petite enfance et qui m’a permis de plonger dans le plaisir et l’abandon avec Marie-Eve, metteure en scène et amie complice.

Et mon parcours avec Le Carrousel… se poursuit ! Je suis choyée ! Joséphine et les grandes personnes : une nouvelle aventure pleine de promesses, qui rassemble une équipe de créateurs inspirants, impressionnants. Vous dire le bonheur que j’ai de revenir à la maison.

Je suis tellement reconnaissante que Gervais, de qui j’ai tout appris, de la comédienne à la professeure de voix que je suis devenue, m’ait tendu la main en 2001, m’ait fait confiance, à moi. Il a changé le cours de ma vie.

Joyeux anniversaire cher Carrousel, je te remercie pour tout.
On se retrouve très bientôt !

Emilie Dionne
Comédienne et professeure de voix

 

Descriptif de la photo :

Le bruit des os qui craquent (2009) de Suzanne Lebeau, mise en scène de Gervais Gaudreault.
Sur la photo : Emilie Dionne et Sébastien René
Crédit photo : François-Xavier Gaudreault