Les cahiers du 50e
Emile Lansman

40 ans de respect et d’amitié

Dans le cadre des prémices de futurs accords entre la Belgique et le Québec, j’ai accueilli en Hainaut – j’y étais programmateur pour l’enfance et la jeunesse – le Théâtre de l’Œil avec Tohu-Bohu, puis le Théâtre de l’Avant-Pays avec Il était une fois en Neuve-France… La réciprocité de ces accueils me donna l’occasion de rencontrer brièvement, lors d’un séjour à Montréal (fin 1979, je crois), deux jeunes comédiens qui avaient créé, quelques années plus tôt, Le Carrousel : Suzanne Lebeau et Gervais Gaudreault.

Premiers échanges sur leurs projets mais aussi, plus largement, sur leur conception fascinante du rapport entre l’art et les jeunes. Avant, deux ans plus tard, de découvrir un premier spectacle, Une lune entre deux maisons, qui m’ouvrit les portes d’une autre conception du théâtre pour les plus jeunes.

En 1983, j’eus le plaisir de les accompagner dans leurs premiers pas en France avec ce spectacle, mais aussi avec un second, Les petits pouvoirs, qui connaissait un beau succès au Québec. Si ce dernier recueillit un succès d’estime de la part du public et des professionnels présents aux Rencontres Internationales de Théâtre pour l’Enfance et la Jeunesse de Lyon (et me permit accessoirement de faire la connaissance d’un de mes grands complices québécois, Alain Grégoire, faisant partie de la distribution), Une lune entre deux maisons fut une des révélations du festival et tourna ensuite durant plusieurs saisons en France.

40 ans plus tard, je me rends compte que j’ai vu et revu pratiquement tous les spectacles de cette compagnie qui aura marqué l’histoire mondiale du théâtre jeune public ; que j’ai lu et relu tous les textes écrits par Suzanne et mis en scène par Gervais ; et que toutes les occasions ont été bonnes pour échanger encore et toujours sur nos rapports à l’art et à l’enfance. Une belle fidélité, respectueuse et amicale.

Ces discussions, parfois animées, je les ai aujourd’hui avec Marie-Eve Huot et la nouvelle équipe, comme au premier jour avec Suzanne et Gervais. Avec l’étrange impression que l’âge ne fait rien à l’affaire : l’enthousiasme est communicatif.

Emile Lansman
Cadre culturel belge et éditeur

 

Lansman Editeur a publié, en 2013, un « chemin des passions », long entretien avec Suzanne Lebeau enregistré en public à la Librairie Gallimard à Montréal, sous le titre Le vrai désespoir, c’est l’indifférence.

 

Descriptif de la photo :

Sur la photo : Jan Novak, Emile Lansman et Marie-Eve Huot (2016)