Les cahiers du 50e
Alain Grégoire

UN VRAI THÉÂTRE POUR

Très tôt en sortant de l’école de théâtre, à Sainte-Thérèse, je me suis glissé dans la peau de Cléo l’écureuil plus de 250 fois en moins d’une année ! Comme il faisait chaud dans ce costume… C’était au Théâtre National pour enfants Les Pissenlits. Ça a été ma piqure. Avant cette initiation, mis à part la NCT, l’ex-TDP, je n’avais pas été en contact avec du théâtre pour les jeunes. Les milliers d’enfants rencontrés alors m’ont rentré dedans : j’ai (re)découvert un état humain que j’avais besoin de fréquenter.

Puis, cinq ans plus tard, un an avant la naissance d’une première enfante, Gervais et Suzanne m’ont offert de me joindre à eux en tant que troisième codirecteur du Carrousel. Ma deuxième école pendant près de dix ans. Nous nous sommes apprivoisés et adoptés. Ils m’ont accueilli chaleureusement. Suzanne et Gervais m’ont offert d’abord leur confiance qui s’est traduite par un compagnonnage artistique riche, tout en me permettant de me faire aller les deux hémisphères du cerveau et les deux ventricules du cœur. La réunion des deux « a ». L’art et l’administration. Une des réussites du Carrousel.

J’ai participé comme administrateur, directeur de tournée, comédien et metteur en scène à plusieurs spectacles : Une lune entre deux maisons et A Moon Between Two Houses, qui fascinaient tant en s’adressant à de beaucoup plus jeunes enfants ; Les petits pouvoirs, un « jeu à l’égyptienne », spectacle dirigé par Lorraine Pintal ; La marelle, une mise en scène qui a tenté des expérimentations sur la réception par les enfants d’une comédienne qui avait l’âge de la grand-mère, Huguette Oligny, et l’autre qui composait, feue Céline Beaudoin ; Les enfants ridés, un atelier d’exploration ; 242 M 106, d’Hélène Lasnier, un premier texte d’une auteure externe, pour adolescents, également une première pour Le Carrousel, que j’ai mis en scène en coproduction avec la NCT, et enfin Gil, d’après Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, mon dernier rôle, Rudyard, que j’ai tant aimé jouer.

C’est au Carrousel que j’ai appris comment accueillir des enfants et commencé à intégrer les éléments de base du programmateur que je suis devenu par la suite au CNA, au Trident, au FTA, au Théâtre de la Ville et plus récemment, à la Maison Théâtre que nous avions, au Carrousel, contribué à créer.

J’ai passé le flambeau à la Maison Théâtre, et je souhaite une belle passation au Carrousel. Longue vie en compagnie des enfants !

Alain Grégoire
Codirecteur artistique du Carrousel (1981-1989) et directeur artistique et général de la Maison Théâtre (2002-2018)

 

Descriptif de la photo :

Gil (1987) adaptation de Suzanne Lebeau d’après le roman d’Howard Buten Quand j’avais 5 ans, je m’ai tué, mise en scène de Gervais Gaudreault.
Sur la photo : Benoît Vermeulen et Alain Grégoire
Crédit photo : André P. Therrien